Flamme Eternelle 6
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FLAMME ETERNELLE - une installation de Thomas Hirschhorn au Palais de Tokyo

 

jour 1

jour 6

jours 7 et 13

jour 19

jour dernier et la photo












Jour 4 : dimanche 27 avril, milieu d'après-midi, 4ème jour - peu de monde, plus familial, plus calme.Thomas Hirschhorn toujours présent. Les pneus vont-ils se recouvrir de photocopies ? Y aura-t-il de la place pour les mots de tous ceux qui veulent laisser une trace ? Le livre de Georges Didi-Huberman que j'avais commencé semble avoir disparu. Réapparaitra-t-il ?

Jour 6 : Palais de Tokyo, Flamme éternelle, mercredi 30 avril, 14h08. Temps mort pour l'animation. J'aperçois Thomas Hirschhorn en conversation avec un pompier. Des voix d'enfants amplifiées par un micro. Ils s'amusent. D'autres regardent un film, trois gamins affalés dans un canapé, et Terminator, le jugement dernier, à l'écran. Pas grand chose d'autre pour le moment, c'est grand calme. Je me laisse aller à regarder Schwarzie poursuivre le méchant cyborg qui veut tuer l'enfant héros.
Je repars faire un tour, personne aux ordinateurs, côté bibliothèque une jeune femme donne des explications sur les lectures et les lecteurs de l'exposition, autour d'elle, assis à une table, ils sont quatre jeunes qui posent des questions, disent ce qu'ils aimeraient faire. Un homme s'est assoupi dans un fauteuil. J'ai l'impression qu'il y a de moins en moins de livres, sans pour autant qu'il y ait des lecteurs, à part deux jeunes gens concentrés sur leur lecture, les sièges sont vides. Sur la petite dizaine de livres de G. Didi-Huberman que j'avais vu le premier jour, il n'en reste qu'un...



Ah tiens, on dirait que quelque chose se prépare. Près d'une des flammes, des bougies sont consciencieusement allumées et fixées au sol par le maître des lieux et un autre homme portant chapeau.

Le temps de refaire un petit tour, prendre quelques photos, l'homme a pris le micro.

Il parle de fumée, de café, d'encens, de feu, de partage, de bénédictions, de rituels. Eloi Ficquet, anthropologue et historien, a passé plusieurs mois dans les hautes terres d'Ethiopie. Voilà, il propose une forme d'éloge de la fumée. Nous formons cercle autour de la flamme et des bougies, nous écoutons le conteur qui a le don de nous embarquer très loin d'ici. Nous le suivons dans les odeurs du feu qu'on réveille au petit matin avec de la bouse de vache, du café que l'on torréfie, de l'encens qui embaume, nous écoutons les bénédictions qu'il nous lit dans la langue d'origine. Le café porteur d'échange de paroles et de bénédictions. Je me sens bien. Ses mots, son élocution, ses descriptions envoûtent l'espace. Je me sens subitement en intimité avec les lieux, chez moi. Nous sommes un petit groupe à l'écouter passionnément. Je crois que le moment où il y a eu le plus d'auditeurs c'est lorsqu'il a parlé des hyènes qui vivent une relation particulière avec les autochtones. De cette énorme hyène blanche, des tambours, du silence soudain, des hyènes qui tournent autour du porridge et le dévore, l'endroit est ainsi béni. Il nous parle aussi de son métier d'ethnologue, c'est finalement une sorte d'Indiana Jones.

Merci pour ce moment très agréable, captivant, empreint de sérénité, une impression de veillée autour d'un feu de camp.





Mirages et Labyrinthes - Evelyne Pastor ©