Marcel Duchamp, la peinture même
Centre Pompidou
du 24 septembre 2014 au 5 janvier 2015


De Marcel Duchamp, j'avais une connaissance plutôt réduite à un urinoir, une Mariée mise à nu et à un personnage : Rrose Sélavy. Mais j'ignorais tout de sa peinture.
Nous sommes le 24 septembre 2014 et c'est le premièr jour de cette exposition au Centre Pompidou. Il y a déjà du monde dans les huit salles qui nous entraînent dans les méandres de la peinture de Marcel Duchamp jusqu'au Grand Verre. Une exposition propice à questionner notre capacité d'interprétation.

Très tôt, Duchamp stylise le dessin et ses figures et les insère dans un contexte abstrait. Il veut créer une peinture “antirétinienne” (ou “métaréaliste”). Marcel Duchamp explore la littérature et la peinture symbolistes dans lesquelles l’idée prime sur la vision. En 1911, il rejoint le groupe des cubistes dont les membres, entre deux parties d’échecs, débattent des découvertes scientifiques, techniques et philosophiques de l’époque. Son tableau “Nu descendant un escalier”, synthèse de cubisme et de futurisme, inspiré des chronophotographies de Marey et de Muybridge, des théories sur l’optique, ainsi que par la quatrième dimension qu’on ne peut voir “avec les yeux”, est refusé au Salon des Indépendants par ses amis cubiste à cause du titre jugé provocateur.  Ce désaveu est, pour Duchamp, l’occasion de dépasser l’esthétique cubiste.

A partir de 1911, c’est autour du jeu d’échecs – qu’il considère comme “une mécanique, puisque cela bouge”, qu’il cristallise une iconographie toute personnelle, mêlant mouvement, érotisme et mécanique.
“Je crois que l’art est la seule forme d’activité par laquelle l’homme en tant que tel se manifeste comme véritable individu. Par elle seule il peut dépasser le stade animal parce que l’art est un débouché sur des régions où ne dominent ni le temps, ni l’espace.”
Entre mai 1913 et juin 1915, Marcel Duchamp approfondit ses connaissances en géométrie, mathématiques, perspective et optique, il accumule des notes préparatoires au Grand Verre.
Le Grand verre. Réalisé à New York entre 1915 et 1923. Se compose de deux panneaux disposés à la verticale, axe de l’élévation à la fois spirituelle, érotique, géométrique, physique et physiologique. La Mariée se trouve dans la partie supérieure, le monde des célibataires dans la partie inférieure. La frontière entre ces deux mondes, au centre, représente à la fois “l’horizon et le vêtement défait de la mariée”. Depuis les tubes capillaires – comme les nomme Duchamp – monte le désir des célibataires vers la partie supérieure. Ils sont associés à la Broyeuse de chocolat, située à leur droite, symbole d’un onanisme répétitif. Dans la partie supérieure, la Mariée, est un “corps écorché”. Elle est en proie à ses vapeurs et des gaz, qui se concentrent dans le bandeau situé en haut, de Duchamp intitule la “voie lactée chair” et qu’il dit animée par trois “pistons de courant d’air”.
L’oeuvre est un étrange objet qu’il est interdit de photographier, qui serait très difficile à photographier de par sa transparence. Je glisse ci-contre la reproduction trouvée dans le dossier pédagogique fort instructif qu'on peut lire ici.

Agrandir l'ensemble ci-dessous pour voir quelques photos que j'ai ramenées de l'exposition.