Sugimoto


Aujourd'hui le monde est mort - Hiroshi Sugimoto

Palais de Tokyo

jusqu'au 7 septembre 2014


Aujourd’hui le monde est mort [Lost Human Genetic Archive] » est une nouvelle facette d’une exposition que Hiroshi Sugimoto élabore depuis une dizaine d’années en juxtaposant ses collections d’objets, provenant d’époques et de cultures disparates, et ses œuvres photographiques. Les objets de sa collection sont « ses doubles » et sont indispensables à l’artiste en tant que sources d’enseignements qui lui permettent de renouveler son art. En se nourrissant de références au roman L’Étranger d’Albert Camus et aux objets ready-made de Marcel Duchamp, l’artiste a mis en scène un monde après la fin de l’humanité : une vision personnelle de l’Histoire vue depuis l’avenir. L’exposition est constituée d’une trentaine de scénarios, racontés par différents personnages fictifs : un apiculteur, un spécialiste des religions comparées ou encore un homme politique qui choisissent de préserver (ou non), pour le futur, leur patrimoine génétique individuel.

"Le "Palais de Tokyo" doit son nom à l'"Avenue de Tokio" sur laquelle donnait le bâtiment : elle avait été appelée ainsi en l'honneur du Japon, allié de la France lors de la première Guerre mondiale. En février 1945, quand Paris fut libéré de l'occupation nazie, on rebaptisa l'artère "Avenue de New York", en l'honneur des Etats-Unis. Le nom du "Palais de Tokyo", seul, est resté inchangé. Pour mon exposition dans ce bâtiment datant de 1937 et dont l'intérieur donne par endroits une impression de ruine, j'ai choisi intentionnellement comme direction esthétique le kirei sabi, cette philosophie de la "patine du temps" mise au point par le concepteur de jardin de maître de thé Kobori Enshû. Les ruines, incarnation de l'anéantissement à venir de toutes choses, sont les plus belles réalisations jamais produites par les civilisations humaines. Les visiteurs de l'exposition arpentant les ruines de civilisations éteintes, sont témoins de la dernière scène décrite par le dernier survivant. Naturellement, aucun éclairage artificiel électrique n'est utilisé, seule la lumière naturelle éclaire les salles. Après le coucher du soleil, une lampe de poche est fournie aux visiteurs. Tous les récits (racontant la fin des différentes civilisations) sont inscrits à la main en lettres tremblées à proximité des objets exposés, soit à la craie sur un vieux tableau noir, ou directement sur le mur, ou encore sur un bloc-notes. Les récits sont au nombre de trente-trois, chiffre inspiré par le sanjûsangen-dô ou "Pavillon des trente-trois baies", édifié à Kyôto sur ordre de l'Au-de là bouddhique. Le Palais de Tokyo à Paris est en ruines, et aujourd'hui, la période de dégénérescence du bouddhisme annoncée par les textes sacrés est bel et bien en marche."
Hiroshi Sugimoto

J'ai d'abord vu l'étonnante exposition d'Hiroshi Sugimoto à la lumière du jour. Vous trouverez ma visite de nuit après les photos de jour.

Certaines photos sont à agrandir ou vous mèneront vers d'autres photos.



Ouvrir la porte sur la Love Doll

Lire la lettre de l'artiste contemporain





Quelques semaines après avoir pris cette photo, l'herbe a bien poussé.







Je suis donc retourné voir l'exposition au crépuscule. Munie d'une lampe de poche remise gracieusement par la sentinelle du moment, me voilà plongée dans l'obscurité, avançant à petits pas, éclaboussant de quelques jets de lumière les vestiges d'un temps fini. Entrons à murmure et tachons de ne nous perdre pas.







"... Un évènement inimaginable s'est produit. Le système solaire s'est précipité dans une zone de tempête électromagnétique. Cet accident a rendu les ordin.........."


"Aujourd'hui le monde est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas"...


"Imaginer les pires lendemains possibles me procure de grandes joies sur le plan artistique" reconnait Sugimoto.


Ruines, apocalypse, infertilité, débris de civilisation se succèdent dans un dédale ponctué d'une trentaine de lettres de ceux qui vécurent la mort du monde.